Enseignement & pratique politique

Soyons clairs, Mélan­chon n’est pas du tout ma tasse de thé. Sa culture vin­tage de la révo­lu­tion, de lea­deur cha­ris­ma­tique qui soigne son look à coup de col Mao et de solu­tion à tous nos pro­blèmes qui tom­be­raient tout droit de l’État ne sont pas tel­le­ment com­pa­tible avec ma culture anarcho-écologiste…

Mais cette soi­rée fut très rafrai­chis­sante. La pré­sence de per­sonnes si dif­fé­rentes à la tri­bune mélan­geant des pro­fes­sion­nels de la parole avec des timides trem­blo­tants, le jeu des questions-réponses avec la salle per­met­tant une réelle par­ti­ci­pa­tion celle-ci et lui lais­sant par­fois prendre le pou­voir sur la tri­bune sans que cette der­nière ne cherche à le lui confis­quer don­nait le sen­ti­ment qu’enfin tout le monde pou­vait avoir la parole.

La diver­sité des pré­sents allant de l’intello post-parisien à l’agriculteur, du fonc­tion­naire au sala­rié au plus bas de l’échelle sociale, du retraité au pré­caire pro­dui­sait un bras­sage réjouis­sant don­nant l’espoir qu’il est encore pos­sible de mélan­ger les classes sociales dans une même espé­rance d’un monde meilleur pour tous.

Alors on jugera les pro­po­si­tions irréa­listes, les solu­tions déma­go­giques, mais si, pour moi, la parole du chef (du père ?) est encore trop pré­sente ça ne dif­fère pas tel­le­ment des autres pro­po­si­tions pré­si­den­tielles du moment qui semblent sou­vent plus sérieuses, car repré­sen­tant des caté­go­ries de pou­voir et d’argent mieux orga­ni­sées aux rami­fi­ca­tions plus éten­dus dans les dif­fé­rents rouages de contrôle de la société.

Reste qu’il était bien agréable d’entendre s’exprimer des gens qui n’ont plus ni espace ni repré­sen­tant ou dont la parole est confis­quée et mani­pu­lée par les fas­cistes aux idées courtes.

Peut-être est-ce un peu le fou­toir, peut-être que ça part un peu dans tous les sens, mais au moins ça réflé­chi, ça cherche et, en tout état de cause, ça ne sou­haite ni l’exclusion ni la haine, ni des­truc­tion ni mort.

Ça m’a rap­pelé les réunions des Verts d’il y a plus d’une dizaine d’années où l’intelligence et l’imagination sem­blaient sans limites avant que la petite bour­geoi­sie arri­viste ne l’emporte sur les mili­tants his­to­riques de ter­rain et que les paroles ne soient décon­nec­tées des pra­tiques afin de n’être plus qu’une machine vide de sens dont l’ambition se bor­nait à renou­ve­ler la langue de bois d’une caste poli­ti­cienne désor­mais parasitaire.

Construire plu­tôt que détruire, réflé­chir plu­tôt que subir, ras­sem­bler plu­tôt qu’exclure, espé­rer plu­tôt que désespérer…Refaire de la poli­tique, enfin !

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