25 ans après l’unité…

Cette ren­contre au Goethe Ins­ti­tut aurait pu durer bien plus long­temps, étaler sur plu­sieurs soi­rées tant chaque inter­ve­nant était intéressant.

La dis­cus­sion a com­mencé par une blague sur le point com­mun entre la France et l’Allemagne de l’Est ? Les deux ont subi l’occupation alle­mande.

L’arrogance de l’Ouest qui se mani­fes­tait par exemple lors de ren­contres de foot inter­al­le­mandes ou la presse par­lait de ren­contre Allemagne-RDA. Ou de cet homme poli­tique qui une fois la réuni­fi­ca­tion ter­mi­née avait déclaré que « l’Allemagne s’est agrandie ! »

Le pillage écono­mique orga­nisé par la Treu­hand per­met­tant de liqui­der toute concur­rence de l’Est envers l’Ouest fai­sant aujourd’hui, des Lands de l’Est des déserts encore sous per­fu­sion écono­mique de l’Ouest jusqu’en 2019.

Les anec­dotes étaient per­son­nelles mais racon­tées avec pudeur.

Cha­cun a resi­tué sa posi­tion dans cette période si étrange de quelques mois entre le 9 novembre 1989 (la chute du Mur) et le 3 octobre 1990 (la réuni­fi­ca­tion alle­mande). Entre anec­dotes per­son­nelles et grande His­toire. Entre contexte poli­tique et situa­tion écono­mique, croyances de l’époque et pres­sion des évène­ments, espoirs, renon­ce­ments et sens du devoir. Période de flot­te­ment et de liqui­da­tion d’un état, solde d’un sys­tème ayant été une source d’espoir pour cer­tains mais dis­qua­li­fié par l’Histoire, une uto­pie ratée mais une vraie dic­ta­ture poli­cière… Faire le tri et sau­ver ce qui pou­vait l’être dans un temps si court…

Par­fois quelques non-dits se sont glis­sés, un trait d’humour acide, une pointe de ran­cœur…

Com­ment pourrait-on regret­ter une dic­ta­ture mais com­ment tirer un trait sur une par­tie de sa propre vie…

Si tous s’en sont bien tirés, cer­tains mieux que d’autres… Et Chris­toph Hein de pro­phé­ti­ser que cet évène­ment n’a pas fini d’avoir des consé­quences sur nos sociétés.

Lothar de Mai­zière qui m’avait laissé l’image d’un per­son­nage sans saveur, un pan­tin mani­pulé par Hel­muth Kohl sem­blait heu­reux de pou­voir s’exprimer sur ce moment si impor­tant de sa vie, sur ce poste de Pre­mier ministre de la RDA qu’il n’avait pas sou­haité mais qu’il avait assu­mée par sen­ti­ment du devoir. Faire qu’entre la fin de la RDA et la réuni­fi­ca­tion, il y ait encore quelque chose que le pays ne devienne pas une zone de non-droit.

Ce fut l’intervention la plus tou­chante, celle d’un homme qui sait que l’Histoire retien­dra peu de choses de lui et qui fera ce constat : « On ne nous a pas laissé de temps, on avait plein d’idées… » et que « L’Histoire, c’est l’évènement, pas la justice ».

25 ans après l’unité Pers­pec­tives Est-Allemandes sur la trans­for­ma­tion d’un pays.
Table ronde orga­ni­sée par l’IHA (S. Mar­tens, C. Wen­kel) et le Goethe-Institut Paris, le lundi 5 octobre 2015, avec Chris­toph Hein, écri­vain, Chris­toph Links, éditeur, Lothar de Mai­zière, ancien Pre­mier ministre de RDA en 1990 et Edgar Most, ancien vice-président de la banque d’État de la RDA, puis membre du direc­toire de la Deutsche Bank. Modé­ra­tion: Pas­cale Hugues, jour­na­liste.

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