Alain Micheau

Alain Micheau est mon oncle, et, comme disait la chan­son, un fameux bri­co­leur. C’est lui qui m’a donné le goût du tra­vail manuel. Tout en tra­vaillant, il me disait des cita­tions latines, par­lait anglais. Par­fois, il se met­tait au piano et jouait du jazz, d’autres fois c’était à la gui­tare. Tout ça c’était du temps de la construc­tion de La Belle Lurette…

Comme il lit beau­coup, il a des idées sur tout ce qui per­met de se lan­cer avec délec­ta­tion dans des polé­miques inter­mi­nables, pleines d’humour et de mau­vaise foi, de démons­tra­tions brillantes et com­plè­te­ment à côté de la plaque, mais sur­tout pleines de rires et de malice.

Ques­tion tra­vail manuel, pour lui, tout est simple.

Un trou dans un mur por­teur, refaire le toit d’une vieille ferme ou res­tau­rer un mou­lin, mettre un esca­lier où il n’y en avait pas, construire un bateau… Même s’il y a tou­jours une petite erreur dans ce qu’il fait, le pro­cédé qu’il invente pour la répa­rer est tel­le­ment génial qu’on est heu­reux de cette erreur soit adve­nue pour avoir pu vivre un tel déploie­ment d’imagination.

J’ai appris que par­fois, la pré­pa­ra­tion d’un geste tech­nique comptait bien plus que le geste lui même. Faire un gaba­rit pour une découpe com­plexe rend celui-ci bien plus admi­rable que la pièce qui sor­tira de la découpe. Sa force réside aussi dans ses amis.

Dès qu’il a besoin de bras, les copains rap­pliquent de toute la France pour lui venir en aide.

Là aussi la chan­son disait : « les copains d’abord » et comme il y était ques­tion de navi­ga­tion, ça tombe bien puisqu’Alain est char­pen­tier de marine.

La navi­ga­tion, l’autre grande chose qu’il m’a trans­mise. Même si j’ai le mal de mer, je ne peux m’empêcher de mon­ter sur des bateaux, de sen­tir le vent, la gîte, les embruns, les sif­fle­ments dans les hau­bans, les cla­que­ments des voiles, le gou­ver­nail entre mes mains… et de me sou­ve­nir de La Belle Lurette…

Son récit de la construction de la goélette « La Belle Lurette »

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