Pourquoi les polars berlinois ?
L’idée de faire une étude sur les polars berlinois est venue progressivement.
D’abord, j’avais été assez marqué par la chute du Mur de Berlin durant mon service militaire à Berlin, en rentrant comme pour comprendre et prolonger un monde qui s’écroule, j’ai acheté quelques polars trouvés chez les bouquinistes. Peut-être 3 ou 5 livres, pas plus.
Il s’agissait de roman d’espionnage avec tout ce que cela comporte comme codes propres à l’extrême droite (sur-homme, manichéisme naïf, racisme, sexisme, clichés déplorables…). On avait la sensation qu’ils avaient été écrit avec le guide touristique du moment. Les lieux d’actions étaient les pratiquement les mêmes d’un auteur à l’autre. Et puis, l’un d’eux raconta une traversée du Cheik Point Charlie. Il y avait clairement une rupture de style. C’était plutôt bien écrit et très proche de ce que j’avais parfois ressentie. Le sentiment qu’à tout instant la situation pouvait basculer dans l’arbitraire et l’irrationnel. Quelque chose de lourd et pesant.
Cela m’a motivé pour essayer de trouver d’autres livres et surtout de lire entre les lignes. Voir les messages qui étaient véhiculés, les clichés, les lieux qui revenaient… voir quelle vision de Berlin était ainsi proposée aux lecteurs.
J’ai donc continué à chercher des polars mais j’ai dû atteindre la dizaine rapidement. Je me suis dit que finalement, il n’y en avait pas eu tant que ça d’écrit.
C’était avant Internet.
À partir de 1996, j’ai commencé à faire des recherches en ligne.
Et là, le nombre de polars a rapidement grandi pour atteindre aujourd’hui la centaine (avec quelques livres annexes).
Le corpus de polars se mit à dessiner une autre histoire. Cela recoupait les mouvements littéraire, espionnage, polar ainsi que la grande histoire, chute du Mur de Berlin.
C’est un peu cette histoire que j’aimerais raconter ici avec quelques digressions et considérations personnelles venant de mon rapport personnel à cette ville.