On a plus 20 ans et c’est sans doute pour ça que…

Choc des générations et des méthodes d’action ou construction d’un nouveau produit publicitaire ?

Il bouscule les vieilles associations militantes qui existent depuis plus de 20 ans, il ne s’embarrasse pas de consultation, mais s’entoure de personnes compétentes et dévouées, et, peut-être pour aller plus vite, ne pas perdre de temps face à l’urgence des dramatiques questions environnementales, il préfère les payer plutôt que d’avoir à discuter des heures et devoir faire des concessions. Il garde son énergie pour convaincre ceux qui habituellement ne se sentent pas concernés par les problématiques environnementales. Ainsi, surprend-il en agrégeant autour de lui des gens de différents milieux habituellement hostiles les uns aux autres. Il fait la bise à un ministre, tutoie un autre, travaille avec un autodidacte passionné radical avec de vieux militants incontournables spécialistes des sols, mais aussi avec le PDG d’une multinationale…

Tel est la vision que donne le documentaire « On a 20 ans pour changer le monde » réalisé par Hélène Médigue de Maxime de Rostolan.

Si donc la méthode surprend, le fond du sujet est passionnant. Comment transformer la société et en particulier l’agriculture avant qu’il ne soit trop tard (réchauffement climatique, cancers dus aux pesticides, montée du désespoir face au chômage, désertification des campagnes, concentration excessive des villes, destruction définitive des surfaces agricoles…).

Lorsque les êtres humains ressentent le besoin urgent d’agir, soit ils se regroupent pour agir collectivement, soit un outsideur part en tête et tente de tout changer tout seul, soit un peu des deux… Ici, le choix s’apparente plutôt à celui d’Emmanuel Macron. Partir avec un tout petit groupe hyper compétent, motivé et en pas trop s’embarrasser de détails qui freinent l’action. Ce genre de modèle montre ses limites ces derniers temps…

Alors, les « vieux bios » s’interrogent…

Qu’en est-il des rapports de forces économiques avec les lobbys, les multinationales qui norme le monde dans lequel nous vivons et qui nous mène à la catastrophe ? Qu’en est-il de la politique majoritairement au service de ce système ? Qu’en est-il des freins sociologiques, culturels de la population en générale sans qui rien ne se fera ?

Il faut dire que si le fond du sujet est bien entendu passionnant, la forme du film est tellement mauvaise qu’elle provoque plus de méfiance que d’adhésion (beaucoup d’explications superficielles assénées relèvent davantage de l’opinion, à la limite des thèses complotistes, que de la réalité des faits). On a parfois l’impression de se trouver devant un dépliant publicitaire (les longs plans sur les signatures de contrats entre les différents partenaires de telles ou telles opérations sont d’un ennui profond). Les innombrables plans sur le beau héros (son visage, ses mains, sa démarche…) finissent par faire louches, l’hagiographie est trop prononcée. On attendra un peu que Maxime de Rostolan aille plus loin avant de lui accorder ce destin de sauveur que ce film de propagande tente de lui tresser.

Le film est donc complètement contre-productif envers ceux qui maîtrisent déjà le sujet.

Lorsque l’on parle avec Maxime de Rostolan après la projection, il reconnait que le documentaire est loin d’être satisfaisant. C’est déjà assez rassurant. Mais la soirée touchait à sa fin et l’on est donc resté sur notre faim. On n’allait pas refaire le monde en une nuit, trop de flou on fait plutôt naitre une certaine méfiance, loin de l’envie d’agir à ses côtés…

« On a 20 ans pour changer le monde », documentaire d’Hélène Médigue sur Maxime de Rostolan fondateur de Ferme d’Avenir.

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