Jardin des Soupirs

Tout petit jar­din caché dans l’impasse du même nom, le jar­din des Sou­pirs nous pro­tège du monde pour mieux en faire partie.

Quand j’arrive dans le jar­din des sou­pirs, deux enfants jouent et une femme ramasse avec un râteau les feuilles tom­bées dans l’herbe.

Je m’approche d’elle, elle entame spon­ta­né­ment la conver­sa­tion m’accueillant avec plai­sir dans son petit paradis.

Le jar­din existe offi­ciel­le­ment depuis un peu plus d’un an mais son his­toire avait com­mencé bien avant. Un pro­jet de par­king sur la par­celle voi­sine avait mobi­lisé les rive­rains. Porte-à-porte, péti­tions et réunions ont per­mis de se connaître et ont pré­paré le ter­rain pour le jar­din. Le ter­rain vague aban­donné par la mai­rie a été défri­ché, net­toyé et amé­nagé. L’association du pas­sage des sou­pirs a donné une clé à la mai­rie afin de mon­trer qu’il ne s’agissait pas d’un squat mais d’une ini­tia­tive tenant à pal­lier les manques de la muni­ci­pa­lité. Une conven­tion “main verte” a été signée par la suite pour assu­rer un ave­nir au jardin.

Quand j’arrive dans le jar­din des sou­pirs, deux enfants jouent et une femme ramasse avec un râteau les feuilles tom­bées dans l’herbe.

Je m’approche d’elle, elle entame spon­ta­né­ment la conver­sa­tion m’accueillant avec plai­sir dans son petit paradis.

Le jar­din existe offi­ciel­le­ment depuis un peu plus d’un an mais son his­toire avait com­mencé bien avant. Un pro­jet de par­king sur la par­celle voi­sine avait mobi­lisé les rive­rains. Porte-à-porte, péti­tions et réunions ont per­mis de se connaître et ont pré­paré le ter­rain pour le jar­din. Le ter­rain vague aban­donné par la mai­rie a été défri­ché, net­toyé et amé­nagé. L’association du pas­sage des sou­pirs a donné une clé à la mai­rie afin de mon­trer qu’il ne s’agissait pas d’un squat mais d’une ini­tia­tive tenant à pal­lier les manques de la muni­ci­pa­lité. Une conven­tion “main verte” a été signée par la suite pour assu­rer un ave­nir au jardin.

Dès le début les grandes lignes de la phi­lo­so­phie du jar­din ont été mises en place, pas de par­celle indi­vi­duelle parce qu’elles auraient été trop petites, le thème des sen­teurs donc pas de légume (sauf des tomates pour l’odeur et des citrouilles pour la décoration).

Au début, la cir­cu­la­tion des infor­ma­tions se fai­sait par mail à un tel point que cer­tains avaient l’impression de ne plus se voir, sans comp­ter ceux qui n’avaient pas inter­net… Il a fallu mettre un frein à tout ça, depuis, cha­cun sait que c’est le samedi matin qu’il faut venir et dis­cu­ter. Un jar­din ça se vit.

Elle me parle de l’organisation des gens autour du jar­din, des dis­cus­sions, de la manière dont il faut pro­cé­der pour entendre cha­cun, éviter les excès mais lais­sez cha­cun s’approprier le lieux, le fait qu’il n’y a eu qu’une fois ou il a fallu dire non à quelqu’un…

On a le sen­ti­ment que ce jar­din doit res­ter un lieu un peu hors du temps, de la tech­no­lo­gie de tout ce qui nous éloigne les uns des autres, il ne doit ser­vir qu’à être ensemble. Un endroit où les enjeux du reste de la société n’auraient pas leur place. Pen­dant que nous par­lons plu­sieurs per­sonnes pas­se­ront appor­tant des four­ni­tures sco­laires à dis­tri­buer, des nou­velles de cha­cun, des bonbons.

Les enfants des écoles viennent mais pas assez au goût de notre guide. L’école jus­te­ment est l’inverse de ce qui se fait ici, on n’y apprend pas cette vie ensemble, on doit apprendre par nous même ces rela­tions d’échanges c’est pour­quoi beau­coup de gens qui sont dans ces jar­dins ont une pen­sée poli­tique de leur acti­vité de jar­di­nage. Faire pous­ser des plantes sachant qu’elles ne pro­dui­ront rien, qu’il fau­dra tout recom­men­cer la sai­son d’après soi-même ou une autre personne…

Dans un square de la place Gam­betta l’ambiance est tout autre. Pleins à cra­quer d’enfants aux habits propres et repas­sés, de parents culti­vés… Les hommes parlent ensemble, debout, non pas des vacances mais des bons plans de leurs vacances, ils ne racontent pas leur tra­vail mais tissent des rela­tions d’affaires pos­sibles les uns avec les autres… Les femmes sont plus atten­tives aux enfants mais sont aussi les garantes des signes exté­rieurs du sta­tut social (main­tiens de la pro­preté dans le bac à sable, code de com­por­te­ment avec les autres enfants, réali­men­ta­tion des enfants à base de pro­duits pré­fa­bri­qués et condi­tion­nés de marques…). On a l’impression que l’on ne pour­rait pas enga­ger la conver­sa­tion sans déjà se connaître, par l’école, le tra­vail, un code ves­ti­men­taire par­ti­cu­lier ou autre qui de toute façon nous échappent. C’est un endroit où l’on ne se ren­contre pas on s’y reconnaît.

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