Peter Klasen

Peter Kla­sen avait été invité à expo­ser ses toiles sur le Mur de Ber­lin dans la friche culturelle Anis Gras à Arcueilen 1996.

Les ten­sions entre le maire et son adjointe à la culture étaient déjà fortes. Le maire était com­plè­te­ment dépassé par le pro­jet de friche culturelle auquel il ne com­pre­nait rien sinon que, le pou­voir lui échap­pait. De culture sta­li­nienne et mal­gré un dis­cours alter­na­tif (fait de langue de bois, de banalités et de bons sentiments dégoulinants, mais pouvant faire illusion auprès de certains militants sans culture), la mai­trise du pou­voir et des indemnités qui y était attaché, bien avant la ges­tion de la ville, demeu­rait sa prin­ci­pale préoccupation.

Le thème de l’exposition avait été choisi avec beau­coup d’ironie « chute d’un mur, chute des murs ». Il fal­lait bien sûr y voir une allu­sion à la situa­tion poli­tique de la ville d’Arcueil. Les com­mu­nistes tra­his par le maire, lui-même téta­nisé par la montée des Verts don­nait un sen­ti­ment de fin de règne.

La noto­riété de la friche gran­dis­sait, les Pari­siens com­men­çaient à venir spon­ta­né­ment aux évène­ments que nous orga­ni­sions. Cela pro­vo­quait une dyna­mique por­teuse de ren­contres, de nou­veaux pro­jets… un foi­son­ne­ment qui tran­chait net avec la gri­saille et la médio­crité du reste de la ville.

Le maire fit un dis­cours plat et sans inté­rêt ten­tant de tirer la cou­ver­ture à lui. La salle n’était pas dupe mal­gré son bour­rage par les obli­gés du maire qui par­tirent rapi­de­ment quand l’alcool et les caca­houètes du buf­fet furent épuisés.

Peu de temps après la friche fut bru­ta­le­ment fer­mé. Les jeunes des quar­tiers qui avaient petit à petit investi les lieux voulurent aller investir la mai­rie. Ils en furent dissuadés par le responsable du café Nomade qui pré­féra subir son « sui­cide » pro­fes­sion­nel plu­tôt que d’instrumentaliser ces jeunes pour une vaine ven­geance contre la municipalité.

Cela dit, l’exposition de Peter Kla­sen fut un suc­cès et contri­bua, en partie, à relan­cer sa car­rière. Elle accom­pa­gna agréa­ble­ment des débats et lec­tures autour de Ber­lin et nous donna l’illusion, un temps, qu’il était pos­sible de chan­ger Arcueil et son atmo­sphère de petite Roumanie.

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